Un carnet de voyage est comme un journal intime, on y relate son périple, on y ajoute les photos de ses découvertes, des tickets, des « preuves » de voyage et ses coups de cœur. L’auteur y relate son ressenti. C’est sur cette idée (en lien avec le continuum du voyage) que nous nous sommes basés afin de proposer au visit-acteur de créer son carnet de voyage numérique, personnalisé et partageable. En plus de renforcer l’immersion de chacun, tel un explorateur qui parvient au bout de son voyage, ce carnet inscrit la visite dans un continuum personnalisé.
Le dispositif
Le carnet de voyage se constitue automatiquement à la fin d’une série de choix que réalise le visit-acteur (seul ou en groupe), via une interface qui recrée un carnet sur une tablette tactile, à la fin du parcours de visite dans le musée :
- Une ou plusieurs photographies ou reprographies d’œuvres, selon les préférences du visit-acteur. Nous proposons que l’usager accède à une page avec la liste d’une sélection d’œuvres (celles disponibles sur le site internet dans un premier temps), qu’il peut sélectionner en cliquant dessus pour la placer directement sur son carnet de voyage. Cette liste des œuvres peut être classée par pays, avec des photos en miniature de celles-ci, en guise d’aperçu, dans l’optique d’une utilisation plus instinctive et aisée.
- Une ou plusieurs photographies ‘selfie’ des visiteurs eux-mêmes, dans un décor. Ces derniers ont la possibilité de sélectionner une toile de fond liée aux thèmes du musée (des paysages ou des œuvres : les cimes de l’Himalaya, des cerisiers japonais…) et de se prendre en selfie intégré directement dans le décor, seul ou à plusieurs. Ces photographies ne sont pas conservées par le dispositif.
- Les visit-acteurs ont de surcroît la possibilité de créer un champ de texte pour associer des mots aux œuvres ou à leur expérience muséale de manière générale.
- Des éléments de personnalisation d’ordre esthétique : le choix de couleurs de bordures, l’ajout de petits symboles type « smiley »…
Une fois le carnet complété, les visit-acteurs peuvent se l’envoyer sous format numérique par mail (non conservé par le dispositif): ils peuvent ainsi le partager sur les réseaux sociaux ou l’imprimer chez eux.
Ce dispositif de carnet de voyage s’ajoute au livre d’or papier que nous avons choisi de conserver. Ici le dispositif numérique complète l’existant en apportant une dimension unique par le biais du numérique. Le carnet de voyage ouvre une porte sur le participatif et la co-construction du parcours de chacun, avec une approche expérientielle, sensitive et personnalisée. Le carnet de voyage accompagne le visit-acteur dans son appropriation des œuvres et sa réflexion personnelle, en incarnant une création du visiteur lui-même : les œuvres inspirent et génèrent la création.
Le prototype
Informations techniques :
Étapes de création :
- Choisir le fond
- Ajouter des images de format Polaroïd (choisir parmi une banque d’œuvres)
- Ajouter des zones de textes guidées (exemples : Mes impressions – Ce que je retiens de la visite – Mon escale préférée – Mon humeur…)
- Ajouter des réactions, émotions (smiley, mots animées etc…)
- Possibilité d’ajouter une/des photos personnelles (chargées par Bluetooth)
- Possibilité de prendre un selfie avec des fonds au choix et de modifier la photo en y ajoutant des éléments
Ensuite :
- Le visit-acteur peut s’envoyer par mail le carnet et a la possibilité de le partager avec les autres visiteurs et le musée (le format doit être compatible avec les publications Instagram ou Facebook). Si celui-ci intègre un selfie de visiteur, il doit cocher une autorisation « J’accepte que mon image soit diffusée avec le musée et les autres visiteurs ».
- Accès au menu avec les carnets partagés les visiteurs.
L’aboutissement d’une expérience de médiation numérique participative et collaborative
Un des intérêts de ce carnet de voyage réside dans la collecte de données (gardées anonymes) afin de générer automatiquement des statistiques sur les œuvres, les couleurs choisies, les mots sélectionnés pour constituer le carnet (nous excluons les photos ‘selfies’ des visiteurs pour des questions d’anonymat et de respect du droit à l’image).
Il s’agit de donner l’accès à une ou plusieurs infographies présentant aux visiteurs les choix des autres visiteurs pour leur carnet de voyage (les trois œuvres les plus sélectionnées par exemple). Ces données sont organisées automatiquement, présentées de manière anonyme pour que le visiteur accède aux préférences et ressentis des autres visiteurs. Nous envisageons plusieurs possibilités pour l’accès à ces données : dans une rubrique du carnet de voyage sur la tablette, sous format de projection sur un mur du musée à côté de la boutique (si l’espace nous le permet) ou sur le site du musée.
Nous voyons plusieurs intérêts cruciaux à cet exercice :
- Cette démarche a pour but de déclencher une réflexion chez le visit-acteur : sur sa propre conception des choses, sur son ressenti – et surtout son ressenti/idées par rapport aux autres -, sur son expérience muséale et son approche des oeuvres. Nous y voyons des parallèles avec les principes de l’intelligence collective, à une plus petite échelle : l’idée est de stimuler l’échange et le partage de connaissances, en mutualisant, en collaborant, pour s’élever ensemble. Le savoir, les émotions et les réflexions se co-construisent et le musée y joue le rôle de support et de cadre. L’interactivité élargit son champ entre les visit-acteurs eux-mêmes et tous les acteurs du musée. Il s’agit à la fois de la relation entre l’objet exposé et le visit-acteur, mais aussi de l’objet exposé et des visit-acteurs, que l’on considère à la fois comme des individus uniques mais également les membres d’une communauté avec laquelle ils peuvent échanger et partager leurs impressions.
- L’utilisation du numérique est indispensable pour cet exercice : c’est en effet grâce à la possibilité de collecter et de classer de manière automatique – sans remplacer le dispositif existant du livre d’or papier – que l’activité prend tout son sens.
- Les données anonymes sur les œuvres préférées des usagers peuvent être utilisées et analysées par le musée lui-même pour créer un corpus des commentaires, des nuages de mots et mieux connaître les préférences des usagers pour, par exemple, proposer ou adapter les focus sur certaines œuvres, sur les RSN ou sur les supports de médiation in situ.