Historique des choix muséographiques
L’aménagement intérieur actuel du musée Georges Labit, dirigé par le conservateur Francis Saint-Genez, ne ressemble plus à ce qu’il était à l’origine.
Les nombreux conservateurs, portés par les nouvelles conceptions de l’aménagement des lieux publics d’expositions, ont progressivement fait évoluer le musée vers un dépouillement de fond et une spécialisation sur les arts d’Asie. Quelques dates clés permettent de suivre ce mouvement :
Analyse des expositions actuelles
Caractéristiques générales
La collection asiatique du musée Georges-Labit se compose de plus de 2500 pièces, réparties en 5 zones géographiques :
- L’Inde, représentée par un ensemble de sculptures bouddhistes, d’armes et de miniatures.
- L’ Asie du Sud-Est avec un groupe de sculptures khmères (Cambodge) et cham (Vietnam), ainsi que des bronzes thaïlandais. Quelques pièces d’art religieux birmans et Indonésiens viennent compléter cette collection.
- La collection d’Himalaya, essentiellement composée de statuettes métalliques hindouistes ou bouddhistes provenant du Tibet, du Népal et de Mongolie.
- La Chine, avec des objets datant du néolithique au XIXème siècle : céramiques, objets en bronze et petite statuaire
- Le Japon est représenté du néolithique au XIXème siècle par des céramiques, de la statuaire religieuse, des armes, des objets quotidiens et des estampes.
Nous n’aborderons pas ici la collection égyptienne, qui ne fera bientôt plus partie des collections exposées au musée Georges-Labit.
Organisation sémiotique de l’espace
Le bâtiment est, dès ses origines, pensé pour être un musée. Sa conception architecturale tient compte de ce paramètre fondamental : le plan doit permettre d’accueillir un nombre important d’objets, et l’éclairage doit les mettre en valeur.
Forme et organisation de l’espace
La visite commence au premier étage, consacrée aux œuvres asiatiques.
On y retrouve le monde indien (zone1), l’Asie du Sud Est (zone 2), la Chine (zone 3) et le Japon (zone 4). Il n’y a pas de séparations physiques ou indiquées entre les pays, chaque zone géographique se concentre dans une pièce ou une partie de la pièce.
Salle 1, Salle 2, Salle 3, Salle 4
Au rez-de-chaussée se trouve la collection égyptienne (salle 1 et 2), et la collection Himalaya (salle 4 et 5). La salle 3 est pour l’instant une pièce vide.
L’accueil et la boutique de souvenirs se situent également à cet étage.
Salle 1, Salle 2, Salle 3, Salle 4, Salle 5
Même si le parcours est libre, car les salles communiquent entre elles, une trajectoire logique est suggérée par l’indication de stickers oranges au sol en forme de flèche, qui guident le sens de visite de manière linéaire.
Type de muséologie
Ces observations nous conduisent à caractériser cette exposition de muséologie d’objets, comme le décrit Jean Davallon.
En effet, le rapport du visiteur avec les expôts est central, il s’agit principalement de faire rencontrer des visiteurs et des objets muséaux à travers des unités d’exposition dédiées à leurs monstration (vitrine, présentoir, support, accrochage au mur…).
Le style muséographique semble en effet davantage fondé sur la contemplation et l’appréciation esthétique d’une œuvre, que sur la compréhension des raisons et des enjeux de sa production.
Cela peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit d’un musée de niche, attirant des visiteurs déjà avertis et peu demandeurs d’informations supplémentaires, mais également car cette muséographie, qui est le choix de conservateurs précédents, n’a pas été remaniée et repensée depuis plusieurs années.
Comme indiqué dans la note de cadrage mise à disposition, et également par Hélène Poque, chargée des publics et de la médiation, il est prévu que la muséographie soit repensée sous un délai que nous ne connaissons pas encore, particulièrement avec le départ des collections égyptiennes du musée. Les collections asiatiques vont donc être redistribuées dans l’ensemble du musée et permettre la mise en place d’une nouvelle muséographie, dont nous ne connaissons pas encore les intentions précises,à l’exception de la volonté de recontextualiser les pièces et de mettre à l’honneur l’histoire coloniale.
Analyse de la réception
Analyser la réception par les publics de leur expérience muséale est un travail qui doit prendre en compte de nombreux enjeux : le profil des visiteurs (socio-économique, éducation…), la muséographie et la scénographie, le cadre institutionnel… C’est une réflexion qui vient par la suite d’un travail d’analyse de l’expérience de médiation proposée par le musée, avec la conscience qu’il existe une infinité de manières de vivre l’expérience muséale dont nous tâchons d’en dégager quelques tendances.
Une des sources dont nous disposons pour nous approcher de la réception de la médiation existante du musée concerne les avis écrits sur l’instant, par les usagers, dans le livre d’or mis à disposition sur place ; ainsi que les avis publiés sur les RSN (Facebook et Tripadvisor surtout), des avis écrits généralement quelques heures ou jours après la visite. Nous avons cependant conscience que cet échantillon ne peut résumer et remplacer une réelle étude de terrain, d’observation et de sondage des usagers. Nous ne disposons malheureusement pas pour l’instant de données plus précises sur la réception de la médiation, par exemple sur l’appréciation de l’indication du parcours de visite au sol, l’impact réel du choix des types de cartels….
Liens :
Le temps moyen de visite
Il n’existe pas d’analyse précise avec des données réelles et fiables sur le temps de visite moyen des visiteurs au musée Georges-Labit (nous aurons bientôt de telles données avec le projet Scenoscope!). Ces données se fondent sur un ressenti, une impression et doivent être analysées avec la précaution nécessaire en l’absence d’études précises. D’après Hélène Poque, chargée des publics et de la médiation, le temps de visite oscille entre 30 et 60 minutes en moyenne, dans un musée d’une surface de 400 m². Cette variation est justifiée par les différents “profils” de visiteurs (voir la partie Analyse des publics), nous pouvons citer :
- Le visiteur ‘profane‘, non-expérimenté sur les sujets couverts par le musée, il ne s’attarde pas forcément sur les œuvres. Il n’existe pas de livret pour visiter en autonomie le musée (livret qui est par ailleurs prévu par le musée, dans le futur) et il n’y a actuellement qu’une médiation peu développée au cours de l’exposition (hors visites guidées), donc peu d’éléments pour guider, attirer l’attention et la curiosité du visiteur. Ce profil passera donc moins de temps à visiter le musée, on estime son temps de visite à une trentaine de minutes.
- Le visiteur plus expérimenté, souvent passionné de cultures asiatiques et d’ethnographie, passe plus de temps à observer, analyser, contempler les œuvres, et passera logiquement beaucoup plus de temps à visiter le musée. En raison d’un bagage culturel plus important sur le sujet de l’exposition qui lui donne des clés d’analyse ce profil passera davantage de temps (au minimum une heure) à visiter le musée.
L’environnement et l’accès à la médiation, décisifs dans l’appréciation générale
Mais…
L’appréciation des collections du musée, indicateur de l’impact de la médiation
Les retours sur la médiation in situ
Mais…
En résumé,
- Le musée, malgré son éloignement du centre-ville, est autant apprécié en tant que porte d’entrée vers d’autres cultures (musée et bibliothèque), qu’en tant que lieu de détente (architecture et jardin).
- La muséographie semble globalement appréciée, permettant aux visiteurs d’observer et contempler les pièces ; malgré une circulation qui n’est pas toujours perçue comme logique (billetterie au rez-de-chaussée, puis début au premier étage et fin de nouveau au rez-de-chaussée). Les visiteurs apprécient aussi les ateliers (nombreux, variés et souvent complets) et les visites guidées. (voir ci-joint le très riche programme : Programme du musée – Janvier à Mai 2021 [Pdf] )
- Cependant, les visiteurs sont demandeurs de beaucoup plus d’explications sur les œuvres en elles-mêmes (certains témoignent être sortis du musée frustrés de ne pas avoir eu plus d’explications). Le contenu est impressionnant et riche, mais des ajustements pourraient être réalisés pour compléter la contemplation avec des explications et particulièrement la visite autonome. En raison de cette médiation peu développée, une partie des usagers rapporte l’impression d’une visite trop rapide ; ils aimeraient être plus guidés et avoir plus de clés pour recontextualiser les œuvres.
Activités de médiation
Différentes offres de visites sont disponibles :
De nombreux ateliers et événements autour de la culture asiatique sont programmés par le musée, à destination du jeune public ou des adultes. Une personne est chargée de la communication, de la programmation culturelle, ainsi que de la réalisation du livret. Les intervenants (artistes, associations,…) sont rémunérés par le musée.
Des conférences et des animations sont organisées tous les mois par les partenaires du musée : l’ATAO (Académie Toulousaine des Arts et Civilisations d’Orient) et l’Association des Amis du Musée Georges-Labit.
Ce programme est téléchargeable sur le site du musée, et est disponible en version papier à l’accueil et à l’office du tourisme. Pour y accéder : Programme janvier/mai 2021
Conscients du manque d’attractivité des éléments de l’exposition, et pour répondre à la forte demande d’explication des publics, le musée souhaite enrichir son exposition de supports de médiation permettant une contextualisation des objets associés à un contenu informatif qualitatif. Un livret papier est en cours de réalisation par le service des publics pour accompagner les visiteurs en autonomie. La réalisation de ces supports de médiation (imprimés dans un premier temps, numériques dans un second), peuvent fortement aider à la restructuration du musée qui souhaite évoluer vers un musée de société spécialisé dans l’ethnologie et les Arts d’Asie.